Indemnisation record de plus de 13 millions pour un homme fauché à scooter par un chauffard

Anthony, 34 ans, a été victime d’un chauffard à Antibes en 2016. Le Niçois est, depuis, tétraplégique. L’assureur doit lui verser 13,6 millions d’euros pour réparer l’irréparable

« J’ai l’habitude de dire que mon état est celui de Philippe Pozzo di Borgo, incarné par François Cluzet dans le film Intouchables. » 

Anthony, 34 ans, est tétraplégique avec un taux d’invalidité de 95 %. Sous assistance respiratoire, incapable du moindre mouvement hormis avec ses paupières, son état nécessite la présence d’une personne 24 h/24. À tout moment, il peut s’étouffer.

La faute à l’inconscience d’un automobiliste de 23 ans qui, à Antibes, lui a coupé la route de Nice au mépris de toute prudence et des règles du Code de la route. Anthony, à scooter, sortait d’une salle de sport le 27 juillet 2016. Il a été fauché par le chauffard avant d’être percuté par une seconde voiture qui arrivait en sens inverse. Bilan : une colonne vertébrale en miettes.

 

Il vient d’obtenir 13,6 millions d’euros d’indemnisation. Des millions pour réparer l’irréparable.

 

UN ASSISTANT DE VIE 24 H/24

1,6 million pour les souffrances endurées et pour le préjudice esthétique, 1,9 million pour les pertes économiques au regard du métier qu’exerçait Antony… Promis à un bel avenir professionnel, le jeune homme s’apprêtait à prendre la direction d’un grand hôtel du groupe Mövenpick. Il faut ajouter 200 000 euros, une provision pour l’aménagement du logement.

Et surtout une somme de 9,9 millions, versée sous forme de rente afin de payer un assistant de vie 24 h/24. Soit un montant de 25 euros de l’heure, ce que réclamait Me Cyril Offenbach, spécialisé dans la réparation du préjudice corporel. « Ce tarif a été établi au regard de ceux pratiqués par les prestataires », se félicite l’avocat.

 

QUATRE ANS DE BATAILLE

En quelques secondes, la vie d’Anthony et celle de ses proches ont basculé. Aux souffrances physiques et morales, il a fallu ajouter les contrariétés administratives et le parcours judiciaire : « Huit mois après l’accident, alors que j’étais encore intubé, cloué sur mon lit, l’assureur du chauffard, qui n’avait pas donné signe de vie, me demandait d’aller voir un médecin agréé ! », se rappelle Anthony.

À l’issue du procès pénal en correctionnelle à Grasse, qui a décidé d’incarcérer le chauffard, les conseils d’Anthony (Mes Jean-Denis Flori et Cyril Offenbach) avaient obtenu non sans difficulté une provision de 800 000 euros pour l’aménagement de la maison de ses parents d’Anthony, dans le quartier de Fabron à Nice.

 « Il a fallu attendre un an pour obtenir cette première somme », se désole Me Offenbach.

Or l’installation d’un lit médicalisé était une condition sine qua non pour l’accueil d’Anthony à sa sortie de l’hôpital. « On a dû envoyer un huissier pour recouvrer la somme. C’était vraiment scandaleux, s’indigne Anthony. Ensuite, on m’a dit : on vous propose 1 million d’euros et on oublie tout. J’ai refusé. J’ai demandé à mes avocats d’aller jusqu’au bout.»

CONDAMNATION DÉFINITIVE

La justice grassoise vient d’ordonner à l’assureur Generali d’indemniser Anthony. Une condamnation définitive. « Si je m’exprime, c’est pour dire aux autres victimes de ne jamais renoncer à leurs droits », témoigne Anthony qui, chaque jour, par son abnégation, force l’admiration de ses proches et de ses avocats.

Au moment de l’accident, Aymeric V., 23 ans, le conducteur fautif, qui s’est engagé sans aucune visibilité, n’avait plus de permis de conduire valide. Il n’avait plus de point au moment il a franchi la ligne continue.

Son assureur a tenté d’invoquer ce défaut de permis pour ne pas le garantir. Sauf que l’automobiliste n’aurait pas été averti de cette absence de point.

En juillet 2017, le chauffard a été est condamné à trois ans de prison dont un an avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve par le tribunal correctionnel de Grasse. Il a été reconnu coupable de « blessures involontaires avec violation délibérée d’une obligation de prudence ». Un an de prison a été ajouté pour l’usurpation d’identité. Sanction confirmée par la cour d’appel d’Aix-en-Provence.

L’employé d’un snack, menotté à la barre, avait été emmené directement en prison mais sa peine avait été rapidement aménagée.

(Source: CHRISTOPHE PERRIN, Nice Matin)